On peut raisonnablement se poser la question.

Je suis un lecteur de l’Hebdo, seul magazine Romand qui me permet de suivre un minimum ce qu’il se passe sur ma terre d’origine. Quand vous allez sur le site web de l’Hebdo, la première page vous renvoie sur les 40 (sic!) blogs soutenus par l’Hebdo. Apparente stratégie très claire: ouvrir le débat, intensifier l’échange entre le lecteur papier et l’équipe rédactionnelle, et pourquoi ne pas prendre au vol d’autres futurs lecteurs potentiels de la version papier.Je ne sais pas vous, mais (par exemple) pensez Jacques Pillet en bloggeur, ça me fait sourire, c’est un journaliste emblématique des médias communs, comment peut-il être bloggeur ? Toujours ouvert et prêt à être convaincu, j’ai regardé de plus près son Air du Large. Depuis le 23 février, 10 billets qui ont amené 26 commentaires par environ 12 personnes différentes. Il est intéressant que Jacques Pillet n’intervienne jamais dans les commentaires, Monsieur fait son billet et … c’est tout ! Pour Antoine Duplan et son coin de l’écran, Guy Sorman et son future c’est tout de suite la même chose: des billets et puis pas d’implication dans les commentaires. Il y a tout de même un concept de base qui a été mal compris par l’Hebdo.

-A mentionner tout de même l’excellent Lunchoverip de Bruno Guissani, mais qui n’est pas sur le même modèle que les autres blogs de l’Hebdo et qui semble être un consultant plutôt qu’un rédacteur/chroniqueur permanent-.

Le phénomène “blog” a bien sûr passablement surfé sur la vague d’un certain anticonformisme : l’indépendance fasse au média traditionnel, l’information rendue au peuple. Ceci a obligé les grands groupes à repenser leur travail. La craquelure du pouvoir médiatique a été telle qu’on observe le style de blogs -décrit plus haut, qui en fait n’en sont pas- venant des médias conventionnels voulant, quelques fois maladroitement, prendre part “de la nouvelle vague”.

D’un autre côté, certains bloggeurs sont devenus célèbres et travaillent entre la blogosphère et la presse habituelle, la célébrité en dehors de la blogosphère qui reste trop limitée pour certains, et ne pouvant être accessible qu’à travers les médias ordinaires qui restent malgré tout les seuls reconnu par le plus grand nombre…

Les médias habituels ayant peur de passer au placard pour des ringards et de l’autre, des bloggeurs à la recherche, pour certains, par exemple, de notoriété. Tout cela dans deux mondes passablement séparés à leur début mais qui se jettent parmi de multiples passerelles, deux mondes qui maintenant vont cohabiter longtemps. En espérant juste que la blogosphère gardera un peu de sa spécificité…