Parfois, j’ai des spasmes.
Je cherchais l’origine de l’expression **« œil de Moscou »**, persuadé qu’elle devait avoir un historique croustillant.
Mais cette recherche littéraire n’a pas abouti rapidement et a même franchement dévié —
vous savez, les hasards du web… — vers **SORM**, puis **SORM2**, quelque chose de très… *binary oriented*.
**SORM2** (Sistema Operativno-Rozysknykh Meropriyatii, ou *System for Operational-Investigative Activities*) est une sorte de
**Echelon russe**.
Ces outils sont-ils courants dans les États modernes ?
Évidemment. Tous les pays qui les utilisent ne le disent pas, pour des raisons évidentes.
En Suisse, l’outil s’appelle **Onyx**.
Un rapport de la Délégation de gestion des Chambres fédérales (2003) précise :
« Rares sont en effet les États qui disposent de systèmes stratégiques permettant l’interception à large échelle de communications militaires, diplomatiques, commerciales ou privées.
Selon certaines sources, une trentaine d’États posséderaient une capacité d’interception importante. […]
Aucune donnée précise n’existe en la matière ; souvent, on en est réduit à des conjectures… »
(p. 8 du rapport)
En Suisse, la loi **n’autorise pas l’écoute des communications privées** sur le territoire national, notamment à cause du scandale des fiches dans les années 1990.
En Russie, le dispositif réglementaire appelé **SORM2** ne s’en cache pas : c’est autorisé — et utilisé.
SORM2 est un système qui permet **l’interception de toutes les communications Internet**.
> En comparaison, Onyx semble plutôt orienté vers l’écoute **des communications internationales vers ou depuis la Suisse**.
En Russie, **tous les fournisseurs d’accès Internet (ISP)** doivent — *leur licence en dépend* — installer une **boîte noire**, à leurs frais (entre 10 000 et 30 000 dollars !).
Les fournisseurs sont notifiés lorsqu’une écoute est déclenchée… mais **le consommateur, lui, ne sait rien**.
Ce système SORM2 fait partie d’un réseau plus vaste,
incluant des antennes à Cuba et au Vietnam.
Ces installations, combinées à celles présentes sur le sol russe, offriraient à la Russie **une couverture globale**.
Rien d’étonnant.
Voici quelques chiffres intéressants mentionnés dans le rapport cité plus haut :
-
La NSA (budget : 4 milliards de dollars !) intercepterait environ **1 000 000 de communications toutes les 30 minutes**.
Parmi elles :
6 500 seraient retenues par échantillonnage,
1 000 correspondraient aux critères prédéfinis,
10 seraient sélectionnées par des analystes,
et **un seul rapport final** serait produit.
? Ratio : **1 sur 1 million** (0,0001 %) -
Le BND allemand : sur 10 millions de communications internationales quotidiennes,
8 % passent par satellite.
Moins de 10 % sont filtrées,
700 seraient jugées pertinentes,
et **15** feraient l’objet d’une recherche approfondie.
? Ratio : **15 pour 1 million** (0,0015 %)
On peut raisonnablement penser que le volume mondial de données continue d’augmenter,
que les modèles d’écoute deviennent plus performants…
Mais **si les ratios restent du même ordre**, ces pratiques demeurent relativement marginales.
Il est, bien sûr, **très difficile de trouver des exemples concrets** où ces systèmes ont réellement permis de résoudre des affaires majeures.
Et surtout, il est impossible de savoir :
– **quels types exacts de données** sont consultées,
– **combien de temps elles sont conservées**,
– ou encore **qui y accède, quand, et pourquoi**…
Le flou est, disons, **soigneusement entretenu**.
—
**Bref. Mais tout cela n’explique toujours pas l’origine de l’expression « œil de Moscou »…**
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